mocLe MOC a pris connaissance de l’accord issu des négociations de la COP21. Présenté comme historique, il montre en effet qu’une prise de conscience de la question climatique a eu lieu au plus haut niveau et reconnait la nécessité d’agir. Mais il est malheureusement très loin d’être à la hauteur de l’enjeu !

 

Avant même l’ouverture de ce 21ème sommet des Nations-Unies pour le Climat, différents auteurs ont alerté : nous n’avons jamais autant maltraité notre planète que depuis ces deux derniers siècles. De la pollution lourde aux impacts sanitaires désastreux à la perte de biodiversité, de l’épuisement des ressources naturelles… au dérèglement climatique qui constitue la plus grave menace et dont les pires conséquences retombent sur les plus pauvres sur la planète. En cause : des modes de production, de distribution et de consommation devenus aberrants, et des pouvoirs économiques et politiques qui continuent à défendre un système ultralibéral et productiviste, indépendamment d’une réflexion sur les impératifs environnementaux.

 

Depuis maintenant près de 30 ans que les citoyens et les gouvernements ont pris conscience du réchauffement climatique, et malgré vingt conférences internationales consacrées à le résoudre, les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique ont augmenté de manière considérable. C’est que les gouvernements, sous la coupe des grandes entreprises, proposent de fausses solutions, qui reposent sur une alliance entre technologies et une soi-disant « croissance durable ». C’est ainsi qu’on parle d’agriculture « intelligente » plutôt que de soutenir les groupements pour le maintien d’une agriculture paysanne ; qu’on décide de créer un marché du carbone plutôt que de répartir équitablement les budgets carbone encore disponibles ; qu’on envisage sérieusement la géo-ingénierie et le tout au nucléaire comme réponses acceptables au changement climatique.

 

Lors de cette 21ème conférence, les pays réunis se sont fixé pour objectif de maintenir la hausse moyenne des températures « bien au-dessous de 2°C (…) et de poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°C ». Si cet objectif est essentiel, les Etats ne se dotent pas d’une trajectoire et des moyens pour le respecter ! En effet :

- la somme des « contributions volontaires » des Etats conduit, selon les estimations qui ont été faites, à un réchauffement catastrophique de près de 3°C ;

- la question de la sortie des énergies fossiles – le maintien de 80% des réserves fossiles connues dans le sol est nécessaire pour limiter le réchauffement à 2°C – n’a pas fait partie du champ de la négociation ;

- l’engagement d’octroyer un financement climat de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 (montant plancher), pour aider les pays en développement, n’est pas inclus dans l’accord mais renvoyé dans le volet des décisions, sans force contraignante.

 

Nous sommes donc loin de l’accord historique tel que présenté par les dirigeants. Eviter les conséquences dramatiques du changement climatique ne pourra se faire sans l’implication de la société civile et implique de revoir de fond en comble et sans plus attendre nos modes de vie et le fonctionnement de notre économie. Face à ce défi et à l’insuffisance des solutions apportées par les responsables politiques, le MOC a un rôle à jouer en tant que mouvement social. Le MOC va ainsi continuer à lutter pour des investissements massifs dans les services publics, les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables et à combattre la logique néolibérale qui les empêche par un affaiblissement constant de la sphère publique (privatisation des secteurs publics, austérité, dérèglementation des marchés, allègements fiscaux…). Destruction de la planète et injustice infligée à l’humanité participent à une même logique et à une même crise. Une telle vision implique d’intégrer davantage dans nos cadres de pensée la question des limites environnementales et d’avancer effectivement et collectivement dans la construction de ce que la 4ème Commission du dernier Congrès des économistes a nommé « une économie post-croissance ».

 

Christian KUNSCH,
Président du MOC.

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