c kunschInterview de Christian Kunsch publiée dans l'Avenir, le 12/04/2017.
Le travail de plus en plus précaire, des cas de burn-out de plus en plus nombreux: le Mouvement ouvrier chrétien s’interroge sur l’avenir et le sens du travail.


Quel sens et quel avenir va-t-on donner au travail? Le MOC s’interroge. Rencontre avec son président, Christian Kunsch.

Le travail, son sens et son avenir, est au centre de la réflexion de votre 95e semaine sociale. Pourquoi?
Parce qu’on remarque cette ambivalence par rapport au travail. Il y a ceux qui s’épanouissent dans leur travail. Il y a ceux qui n’en ont pas et qui en voudraient un. Et il y a ceux pour qui le travail est devenu une souffrance. Parce qu’ils sont en burn-out, en incapacité. Il y en a de plus en plus. Parce qu’on détricote tout. Parce que l’emploi est fragilisé.


Vous visez le gouvernement?
Charles Michel et ses «jobs, jobs, jobs» c’est beaucoup de paroles. On ne va pas cracher sur la création d’emplois mais pas n’importe lesquels. Or, c’est ce qui se passe. Les gens attendent un emploi stable, décemment payé et une bonne protection sociale. Chaque jour, on s’en éloigne. Entre autres avec l’économie numérique (Uber, Deliveroo...).


N’est-elle pas créatrice d’emplois?
Mais lesquels? Numérique, ça fait moderne. “Parce que j’utilise mon smartphone, j’ai l’impression d’être libre.” Mais derrière? On voit des boulots à temps partiel ou sans horaire. Où l’on fait travailler les gens à la tâche, parfois sans contrat, juste une convention. Et le risque est pour qui? Pour le travailleur.


C’est là qu’intervient le politique?
C’est lui qui doit réguler le marché. Le pouvoir politique doit s’adapter à un environnement qui évolue très vite. Nous sommes là, pour le rappeler. Le débat doit avoir lieu au niveau européen. On organise une concurrence exacerbée qui est dangereuse pour la démocratie. On ne construit pas une société harmonieuse en instaurant la concurrence entre les travailleurs.


Vous visez particulièrement les jeunes?
On fait travailler les gens plus longtemps, on détricote les filets de sécurité et le jeune que se dit-il? «Je vais galérer.» Ça ouvre la porte au rejet institutionnel, au populisme.
Demander de réguler cela au niveau européen, n’est-ce pas une utopie?
Le politique travaille sur des mandats courts. Nous sommes un mouvement d’éducation permanente, nous sommes des coureurs de fond et nous sommes optimistes.


D’où cette idée de la réduction collective du temps de travail?
Nous savons que cela va faire hurler, comme à chaque fois que l’on a évoqué la réduction du temps de travail, mais nous aimons aller à contre-courant. C’est au centre de notre réflexion: nous allons l’étudier en profondeur. Mais nous disons bien une réduction collective du temps de travail. Un projet solidaire et égalitaire, par une contrainte individuelle. On est là pour enrichir le débat, il faut remettre la question sur le tapis.


Faisable?
On doit absolument se pencher sur la répartition de la richesse. Elle est là mais elle est de plus en plus concentrée. Si on continue comme ça, on va dans le mur. L’élu est là pour assurer le bien commun.


Allocation universelle: prudenceChristian Kunsch est prudent comme un sioux quand on évoque l’allocation universelle. «De laquelle parle-t-on? Celle de Philippe Defeyt, de la libérale, d’une autre?»
L’homme n’est, a priori, pas chaud. «Avec cette allocation, on attaque les fondements de la sécurité sociale. On atomise l’individu: on lui donne du pognon et tu te débrouilles. Non seulement, il n’y a plus d’organisation sociale mais en plus, on supprime le lien social.» Il poursuit: «Un revenu de base suffisant, c’est combien? Les besoins sont différents: une personne malade ou une autre âgée avec perte d’autonomie aura plus de besoins qu’une autre en bonne santé.»
De soulever l’écueil du marché du travail: «Et si ce revenu ne suffit pas? Il y aura le travail à la tâche... Nous, on se bat pour une sécurité sociale crédible. On n’achète pas un chat dans un sac et on étudie le thème.»
PTB: prendre ses responsabilités

Répartition des richesses, réduction du temps de travail...: des thématiques chères au MOC mais aussi, entre autres, au PTB.

Christian Kunsch précise d’emblée: «Le PTB est plus fréquentable que le FN. C’est clair. Mais il est toujours bon de montrer comment on est au pouvoir et de ne pas rester dans l’opposition. Chaque parti doit donner des gages. Il n’y a pas que les paroles.»


Si on sait que le MOC ne porte pas le MR dans son cœur, non seulement pour la politique menée mais aussi pour ce «premier ministre otage de la N-VA. Comment des partis démocratiques peuvent-ils rester dans cet attelage? Avec ce parti qui base sa politique sur le rejet de l’autre, l’opposition, la confrontation. Avant, c’était les Wallons fainéants. Maintenant, ce sont les musulmans qui sont les ennemis. Le dernier incident avec Zuhal Demir est insidieux. Et quand arriveront les élections, nous rappellerons ce qui s’est passé pendant 5 ans avec ce gouvernement. Un devoir de mémoire. Il sera jugé sur ses actes.»


Mais si la N-VA n’est pas fréquentable à ses yeux, que penser aussi de ce qui se passe en Wallonie? Si on le jugeait aussi sur ses actes? «PS et cdH jouent avec le feu, ils doivent réagir vigoureusement.» Mais comment? «La commission doit aller jusqu’au bout et faire des propositions à la hauteur des dégâts et des pratiques. Via des décrets qui seront mis en œuvre et appliqués.»


Mais sera-ce suffisant pour convaincre un électorat singulièrement «refroidi»? Le président du MOC en reste là et soulève un autre problème: «Le fractionnement de l’électorat: composer une coalition sera particulièrement difficile.»

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